Interview de Jacquemine Baud

Publié le par Biathlon-News

Agée de 24 ans, Jacquemine BAUD a réussi l'hiver dernier la meilleure saison de sa carrière. Avec ses excellentes prestations sur le pas de tir, la biathlète de Villard-de-Lans a terminé 6e du classement de l'IBU Cup avec une victoire à Forni Avoltri. En pleine préparation pour la saison suivante, la dauphinoise a gentillement accepté de répondre à quelques questions pour Biathlon News.

 

http://img6.custompublish.com/getfile.php/1822897.1046.acyepvddwv/468x0/5005681_1822897.jpgBiathlon - News : Comment se passe votre préparation estivale ?

 

Jacquemine BAUD : Ma préparation se passe plutôt bien, malgré une douleur encore non identifiée au talon qui m’empêche de courir autant que je l’aimerais. Sinon je peux faire tout le reste. Je rentre actuellement d’un stage vélo effectué avec les Team Isère, à Port Grimeau. Tout s’est bien déroulé sous une forte chaleur ! Et nous repartons ce soir pour une nouvelle semaine de stage, mais cette fois ce sera sur neige sur le glacier de Tignes.

 

BN : Êtes-vous déçue de ne pas avoir été intégrée en équipe de France A malgré vos bons résultats la saison dernière? Est-ce que cela change beaucoup d'être en équipe A ou en équipe B?

 

JB : Oui biensur, le fait d’intégrer l’équipe A n’aurait pu être que bénéfique pour moi, en me confrontant et en échangeant avec la meilleur équipe féminine francaise. Après, je peux m’entraîner dans de très bonnes conditions malgré tout cette année et ça ne m’empêchera pas d’être présente pour les sélections Coupe du Monde et IBU Cup fin octobre.


Les changements qu’il y a entre les groupes A et B, sont principalement la différence de moyens (financiers) accordés pour chacun d’eux. Les lieux des stages, par exemple rentrent donc en compte. Pour les A, ce sont des lieux « mythiques » et qui répondent entièrement aux besoins de la pratique du Biathlon (stand de tir, piste de ski roue, tunnel pour skier …etc), avec des infrastructures performantes comme on peut trouver en Norvege, à Oberhof, Obertilliach ou en Scandinavie. Les athlètes A ont en majorité tous fait leurs preuves en Coupe du monde, et qui ont emmagasiné de l’expérience, qui ont eu l’opportunité de courir ensemble sur des relais et sur de grands championnats. Ce sont des athlètes qui vivent de leurs sports et qui sont professionnels. Pour les B, ce sont des stages bien sûr de qualité également, mais qui bénéficie donc d’un peu moins de budget. Il est représenté par des athlètes de second plan, ou plus jeunes. Les stages restent en majorité en France, pour limiter les frais, et les athlètes B sont mélangés au groupe junior. La trame de travail s’inspire de celle des A, et le but des B est de bousculer leurs « aînés hiérarchiques » lors des compétitions.

 

BN : Revenons sur la saison dernière avec notamment une belle victoire à Forni Avoltri. Vos résultats étaient-ils conformes à vos ambitions avant la saison?

 

JB: Ma victoire à Forni a pu confirmer mes résultats satisfaisants de décembre, mais insuffisant pour monter en Coupe du Monde. Elle m’a donc permis de décrocher mon ticket pour ma première Coupe du Monde et ça faisait partie de mes objectifs. Je souhaitais aussi, jouer devant en IBU cup, et être la meilleure française sur ce circuit. Ce fût chose faite.

 

Cependant, j’attendais de mon année en équipe de France, de passer un cap physiquement, en travaillant d’autre chose à l’entraînement, mais cela n’a pas été le cas. Donc malgré quelques bons résultats qui cachent la réalité, je ne suis pas réellement satisfaite de ma saison, n’ayant pas progressé à ski, et en finissant la saison épuisée par des voyages avec décalage horaires non encaissés.

 

Le point du tir fût tout de même une satisfaction, réalisant qu’il n’y pas de limite pour progresser dans ce domaine, qui si on s’applique peut nous ouvrir des portes...

 

BN : Vos bons résultats en IBU Cup vous ont permis de découvrir la Coupe du Monde à Nove Mesto, qu'en avez-vous retenu?

 

JB: J’allais à Nove Mesto dans l’optique de faire de mon mieux, n’étant pas très fraiche après l’étape de Forni et le voyage. Je ne voulais pas me laisser impressionner, et surtout faire ce que j’ai l’habitude de faire au tir, le plein. Sauf qu’on ne contrôle pas toujours tout, et c’est vrai que je n’ai pas su vraiment gérer ces courses, en tous cas au niveau du tir, en me laissant emportée par le contexte. De plus, les conditions météo n’ont pas été de mon côté. Avec une première partie sous le soleil et du vent fort pour les 50 premiers dossards. Et une tempête de neige et de rafales de vent pour les dossards suivant dont je faisais partie. La course était incomparable, et c’est certain que j’aurais aimé un meilleur baptême de coupe du monde, mais c’est le jeu.

 

J’ai pu quand même réaliser quel niveau était la Coupe du Monde, que le moindre faut pas ne pardonne pas et nous fait perdre quelques secondes, et des dizaines de places ! Ce fut une bonne expérience, pas très agréable, mais il parait que c’est par les échecs que l’on apprend le plus !

 

BN : Quel est le meilleur souvenir de votre saison précédente?

 

JB : Mon meilleur souvenir reste ma première victoire à Forni, qui a récompensé une course complète de A à Z, avec une gestion de course que je garderai en tête. Et aussi le relais mixte d’obertilliach, où j’ai pris de départ, et que j’ai ramené en seconde position. La veille, les coach m’avaient mis un peu la « press » comme on dit, et j’étais stressée au départ, ne voulant pas décevoir mon équipe et rendre la meilleure copie possible. J’ai fait un bon relais et j’étais soulagée d’avoir réussi cet objectif.

 

BN : Vous avez été une des meilleures tireuses de l'IBU Cup cet hiver. Quelle priorité allez-vous donner cet été? Consolider le tir ou progresser à skis?

 

JB : Je ne sais même pas de combien est ma moyenne sur le circuit, mais si vous le dites ! Cet été, j’ai réalisé ce qu’on me disait à l’entraînement en stage, je n’étais pas toujours en accord mais j’appliquais. Jean-Pierre [Amat, ndlr] m’a poussé dans mes retranchements en mettant le doigt sur mes points faibles et mes défauts, en insistant malgré tout sur mes fortes qualités sur lesquelles je ne dois pas me reposer. Ce fut difficile à entendre sur le moment, mais après un premier summer tout difficile en termes de résultats au niveau du tir, n’ayant plus de sensations, un peu perdu. J’ai su poser un bilan, me remettre en question et essayé de comprendre ce qu’il n’allait pas. Je pense avoir bien analysé, et compris où JP voulait en venir. Et depuis, durant l’hiver, je m’interdisais de sortir des balles, en adoptant un schéma solide et régulier.
Cependant, le tir n’est jamais acquis et peut se renverser à tout moment. Je travaille donc, et j’apprends d’année en année, ne me posant aucune limite.

 

BN : Quelles sont vos ambitions pour la saison prochaine?

 

JB : Mes premiers objectifs seront d’être devant pour les sélections fin octobre en ski-roues, elles détermineront le début de saison, si j’obtiens oui ou non mon ticket pour les premières Coupes du Monde, ou IBU Cup. Ensuite suivant cette 1ère étape, ce sera de garder ma place sur la Coupe du Monde, ou alors de jouer devant sur les IBU Cup.

 

BN : Quelles sont vos ambitions à plus long terme?

 

JB : Les Jeux Olympiques de Sotchi !

 

BN : Vous appartenez à la fameuse génération 1988 avec ML Brunet, L. Bosc, M. Bolliet, M. Dusser,... Quelles sont vos relations avec les autres biathlètes française?

 

JB : C’est vrai que nous sommes une grosse génération de 88, je connais plus particulièrement les filles du Dauphiné, celles de mon comité d’origine, mais pour la totalité de ces filles, ce sont toutes des filles agréables, toutes différentes, souriantes et sympas !

 

BN : Enfin, comment pensez-vous que l'on peut améliorer le développement du biathlon en France?

 

JB : On pourrait améliorer la connaissance du biathlon par un plus grand public en organisant des évenements, compétitions, show, dans les villes, les stades, à l’image de ce qui se fait en Allemagn où ce sport prend une très grande place.

 

 

Merci beaucoup à Jacquemine BAUD pour sa disponibilité. Bonne chance à elle pour sa préparation estivale et dans la réalisation de ses objectifs.

 

 

photo: www.ski-nordique.net

Publié dans Interviews

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article